Parution d’une tribune co-signée par 109 députés sur les leçons de l’élection de Bolsonaro au Brésil – Le Journal du Dimanche

Parution d’une tribune co-signée par 109 députés sur les leçons de l’élection de Bolsonaro au Brésil – Le Journal du Dimanche

Le 4 novembre 2018, j’ai publié une tribune dans le Journal du Dimanche, co-signée par 109 collègues députés de La République en Marche, dans laquelle nous tirons les leçons de l’élection de Bolsonaro qu Brésil:

“Face à la tentation du repli sur soi et la montée des populismes, il est de notre responsabilité de convaincre par l’exemple qu’une alternative progressiste, rassembleuse et contemporaine est possible.” 

Je vous propose d’en retrouver une retranscription ci-dessous.

Ce qui semblait impossible il y a quelque mois, est devenu aujourd’hui la réalité du plus grand pays d’Amérique latine, la dixième économie du monde. Avec 55.13% des voix, Jair Messias Bolsonaro est élu à la tête de la jeune démocratie brésilienne pour un mandat de quatre ans face au candidat du Parti des Travailleurs (PT) Fernando Haddad.

Son élection est le résultat d’une équation complexe. D’une part, le Brésil connait depuis l’impeachment de Dilma Rousseff, une crise politique majeure dérivée de l’opération Lava Jato et de multiples scandales de corruption. Avec presque 40% des membres du Parlement inculpés ou mis en examen, un ex-président emprisonné, 10 milliards de dollars évaporés dans les circuits de la corruption, la classe politique traditionnelle a perdu la confiance des citoyens. D’autre part, le climat de violence est inédit. Avec 175 homicides par jour, le Brésil est plus meurtrier que la Syrie. Sur le volet économique, le pays traverse une forte crise économique mêlant contraction du PIB et explosion du chômage. Après l’espoir du « miracle brésilien » des années Lula, plus de 10 millions de brésiliens sont retombés dans la pauvreté.

Jair Bolsonaro a profité de cette crise pour alimenter le mécontentement social et mobiliser tout l’électorat qui voulait punir la classe politique traditionnelle. En mêlant raccourcis populistes et Fake News diffusés massivement via les réseaux sociaux, Bolsonaro s’est positionné comme l’outsider qui pouvait résoudre l’équation brésilienne.

La colère citoyenne est compréhensible mais elle ne doit, en aucun cas, laisser le champ libre à la montée d’extrêmes populistes et autoritaires.

Dans le respect des institutions brésiliennes, nous devons être vigilants et agir avec la communauté internationale pour nous assurer que le discours haineux, raciste, sexiste et climato-sceptique de Jair Bolsonaro ne soit ni normalisé ni institutionnalisé. Afin d’y faire face, affirmons nos valeurs progressistes fondées sur la tolérance et la solidarité. Défendons, aux côtés des démocrates brésiliens, l’égalité entre les hommes et les femmes, les droits des minorités sexuelles et des populations indigènes, ainsi que le maintien de la paix.

N’oublions pas que l’Amazonie est le poumon de la planète ! Si le Brésil tourne le dos à l’Accord de Paris et à la lutte contre le réchauffement climatique, c’est le monde entier qui en souffrira. Profitons de la COP 25, qui se déroulera en Amérique latine, pour convaincre le Brésil de poursuivre ses engagements pour la planète.

La mise en cause de nos valeurs par Jair Bolsonaro ne doit pas se traduire par l’isolement. Elle nous oblige, au contraire, à nous rapprocher davantage du Brésil. Plus grande communauté française en Amérique latine (presque 30 000 ressortissants français), première destination de nos investissements dans la région (900 filiales d’entreprises françaises et plus de 500 000 emplois créés au Brésil), allié clé dans les instances multilatérales, et ne l’oublions pas, premier pays voisin de la France avec 730 kilomètres de frontière avec la Guyane, le Brésil est un partenaire stratégique et un allié incontournable pour résoudre les défis de demain.

L’arrivée de Bolsonaro au pouvoir, les élections partielles aux Etats Unis et la rhétorique populiste en Europe nous interpellent : la bataille des idées n’est pas gagnée. Si les populismes montent c’est que les partis traditionnels ont cédé à l’inertie et à l’immobilisme, et qu’ils ne répondent plus aux préoccupations quotidiennes des citoyens : la revalorisation du travail, la formation et l’emploi, la possibilité d’entreprendre, la vie en famille et en société…

Face à la tentation du repli sur soi, des discours simplistes et des solutions de facilité pour répondre aux grandes problématiques de nos sociétés, construisons ensemble un nouveau progressisme. Ne laissons personne derrière nous, soyons à l’écoute pour comprendre les problématiques de toutes et tous, surtout de ceux jusqu’à présent écartés des bénéfices de la mondialisation et de l’économie globalisée. Nous sommes plus que jamais tenus de mener jusqu’au bout les réformes pour rendre nos institutions ouvertes et efficaces, pour protéger les plus vulnérables et pour répondre aux défis d’avenir.

Nous avons, en mai prochain, un rendez-vous décisif avec l’Europe. Il est de notre responsabilité de convaincre par l’exemple qu’une alternative progressiste, rassembleuse et contemporaine est possible. Redoublons nos efforts pour porter haut et fort les valeurs auxquelles nous sommes attachés : émancipation, dignité, inclusion, respect, progrès !

 

Par Paula Forteza, Caroline Abadie, Damien Adam, Eric Alauzet, Patrice Anato, Laetitia Avia, Didier Baichère, Mounir Belhamiti, Grégory Besson-Moreau, Anne Blanc, Christophe Blanchet, Yves Blein, Eric Bothorel, Bertran Bouyx, Yaël Braun-Pivet, Jean-Jacques Bridey, Anne Brugnera, Stephane Buchou, Carole Bureau-Bonnar, Pierre Cabaré, Céline Calvez, Émilie Cariou, Samantha Cazebonne, Jean-François Cesarini, Emilie Chalas, Philippe Chalumeau, Annie Chapelier, Sylvie Charrière, Mireille Clapot, Bérangère Couillard, Olivier Damaisin, Dominique David, Amélie De Montchalin, Marc Delatte, Frédéric Descrozaille, Coralie Dubost, Nicole Dubré-Chirat, Françoise Dumas, Frédérique Dumas, Elise Fajgeles, Valéria Faure-Muntian, Pascale Fontenel-Personne, Jean-Luc Fugit, Thomas Gasillaud, Raphael Gauvain, Éric Girardin, Guillaume Gouffier-Cha, Perrine Goulet, Émilie Guerel, Christine Hennion, Danièle Hérin, Philippe Huppé, Monique Iborra, Jean Michel Jacques, Hubert Julien-Laferriere, Catherine Kamowski, Yannick Kerlogot, Fadila Khattabi, Anissa Khedher, Rodrigue Kokuendo, Jacques Krabal, Jean-Charles Larsonneur, Fiona Lazaar, Nicole Le Peih, Marion Lenne, Roland Lescure, Alexandra Louis, Jacques Maire, Jacques Marilossian, Denis Masseglia, Sereine Mauborgne, Stephane Mazars, Jean François Mbaye, Sandrine Mörch , Cendra Motin, Naima Moutchou, Delphine O, Valerie Oppelt, Matthieu Orphelin, Catherine Osson, Xavier Paluszkiewicz, Pierre Person, Michèle Peyron, Damien Pichereau, Béatrice Piron, Eric Pouillat, Bruno Questel, Remy Rebeyrotte, Cécile Rilhac, Stéphanie Rist, Mireille Robert, Laëtitia Romero Dias, Laurianne Rossi, Thomas Rudigoz, Benoit Simian, Aurélien Taché, Stéphane Testé, Agnès Thill, Valerie Thomas, Huguette Tiegna, Jean-Louis Touraine, Nicole Trisse, Stéphane Trompille, Frédérique Tuffnell, Olivier Véran, Marie-Christine Verdier-Jouclas, Patrick Vignal, Guillaume Vuilletet, Hélène Zannier, Jean-Marc Zulesi.

4 Replies to “Parution d’une tribune co-signée par 109 députés sur les leçons de l’élection de Bolsonaro au Brésil – Le Journal du Dimanche”

  1. Je partage complètement votre point de vue et opinions, qu’à présent je fais le miens. Ce positionnement deviens digne, réaliste, clair, informé, convenable, courageux et surtout intelligent. Continuez ainsi.
    Daniel Muracciole, présidant de l’Alliance Française de Montevideo

  2. Chère Paula,

    Votre texte est remarquable. Je partage totalement votre analyse. Nous sommes tous très préocupés par l´évolution de la situation politique ici au Brésil et par la montée des extrémismes un peu partout dans le monde, y compris en France. Nos démocraties sont en réel danger, le monde se durcit, le radicalisme et le pouvoir technologique tentent de supplanter la raison et l´humanisme. Les démocrates doivent reagir de toute urgence, chacun (e) a son niveau et selon ses aptitudes et possibilites. Nous attendons avec anxiété les premières décisions du nouveau président. Nous savons déjà qu´il n´y aura plus de ministére du travail, que le Brésil n´organisera pas la COP 25, que les pouvoirs de l´IBAMA seront fortement réduits, que le Brésil se retirera vraissemblablement de l´Accord de Paris et n´acceptera aucune ingérence étrangère sur la preservation de l´Amazonie. Les réserves indigénes sont remises em question. Le cartel de l´Agro-Business se frotte les mains, une victoire qui risque d´être de courte durée en raison des changements climatiques inévitables à prévoir et qui risquent de menacaer les recoltes à venir.
    Mais ni Bolsonaro, ni Trump ne veulent y croire. Les Brésiliens semblent anhestésiés et remettent leur destin au “sauveur de la patrie” selon les éternels mythes populistes. Décidemment l´histoire se répéte…..
    Bien cordialement et encore bravo pour ce texte si pertinente.

    Pierre Bétard, Français au Brésil.

  3. Chère Paula,

    Votre texte est remarquable. Je partage totalement votre analyse. Nous sommes tous très préocupés par l´évolution de la situation politique ici au Brésil et par la montée des extrémismes un peu partout dans le monde, y compris en France. Nos démocraties sont en réel danger, le monde se durcit, le radicalisme et le pouvoir technologique tentent de supplanter la raison et l´humanisme. Les démocrates doivent reagir de toute urgence, chacun (e) a son niveau et selon ses aptitudes et possibilites. Nous attendons avec anxiété les premières décisions du nouveau président. Nous savons déjà qu´il n´y aura plus de ministére du travail, que le Brésil n´organisera pas la COP 25, que les pouvoirs de l´IBAMA seront fortement réduits, que le Brésil se retirera vraissemblablement de l´Accord de Paris et n´acceptera aucune ingérence étrangère sur la preservation de l´Amazonie. Les réserves indigénes sont remises em question. Le cartel de l´Agro-Business se frotte les mains, une victoire qui risque d´être de courte durée en raison des changements climatiques inévitables à prévoir et qui risquent de menacaer les recoltes à venir.
    Mais ni Bolsonaro, ni Trump ne veulent y croire. Les Brésiliens semblent anhestésiés et remettent leur destin au “sauveur de la patrie” selon les éternels mythes populistes. Décidemment l´histoire se répéte…..
    Bien cordialement et encore bravo pour ce texte si pertinente.

    Pierre Bétard, Français au Brésil.

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