Endométriose : nous appelons à mieux prendre en compte le corps des femmes dans les politiques publiques de santé.
L’endométriose touche au moins 10% des femmes en âge de procréer et les retards de diagnostic représenteraient un coût de 9.5 milliards d’euros par an en coût médicaux et en coût indirect de perte de productivité en France. Dans une tribune parut dans le Trombinoscope en décembre 2021, nous appelons, avec ma collègue Albane Gaillot, le ministre des Solidarités et de la Santé, à proposer une politique publique ambitieuse, adossée à des moyens réels, pour que les femmes atteintes d’endométriose puissent toutes être dépistées, soignées et accompagnées.
L’endométriose touche au moins 10% de femmes en âge de procréer en France, soit environ 1,5 à 2,5 millions de femmes. Des chiffres impressionnants, pour une maladie qui n’a longtemps pas intéressé ni la médecine ni les politiques publiques.
L’endométriose est encore méconnue des professionnels de santé, souvent sous diagnostiquée et très mal prise en charge.
L’endométriose concerne les femmes et touche à un tabou, les menstruations. Ainsi ces douleurs chroniques, souvent handicapantes, ont longtemps été relayées au champ du “naturel”. Pourtant, les symptômes invalidants de l’endométriose affectent l’équilibre psychologique, sexuel, conjugal et socio-professionnel des femmes atteintes.
Par ailleurs, cette maladie génère 21 000 hospitalisations tous les ans et son diagnostic tardif (7 ans en moyenne) vient aggraver les symptômes et diminuer la qualité de vie des femmes.
Le corps médical, de même que la société toute entière, peine encore à prendre en compte les douleurs ressenties par les femmes comme étant de véritables symptômes. Il n’est pas normal qu’autant de femmes continuent de souffrir sans véritablement être entendues et reconnues. Il est temps de changer de regard sur elles et de faire évoluer leur droit.
Il est à noter que les conséquences de ces retards de diagnostic coûteraient 9,5 milliards d’euros par an en coûts directs médicaux (FIV, traitements, interventions chirurgicales, etc.) et coûts indirects de perte de productivité en France.
Bien que cette question soit reprise dans le débat public depuis quelques mois, notamment de par le lancement de la stratégie nationale contre l’endométriose, nous ne pouvons que regretter qu’aucune disposition particulière ne concerne cette maladie dans les textes en vigueur.
En outre, lors de l’examen du projet de loi finance pour 2022, nous avons déposé des amendements allant dans le sens d’une meilleure prise en charge de l’endométriose, avec notamment un dépistage précoce, qui n’ont pas été pas été soutenu par la majorité.
Il est temps de faire éclater ces tabous. La première génération de féministes a dû cacher et faire oublier le corps des femmes pour pouvoir devenir sujet de droit et non de possession. Aujourd’hui, un des nouveaux enjeux est celui de la réappropriation et de la prise en compte du corps des femmes et des difficultés ou injustices qui peuvent lui être associées.
Nous avons fait des propositions, dans le cadre d’un budget genré, pour reconnaître et soigner les maux des 3 premiers mois de grossesse, pour investir dans la recherche concernant la santé des femmes, pour améliorer l’aménagement des conditions de travail pour les femmes enceintes, pour rendre visibles les violences gynécologiques et obstétricales, ou encore pour mieux prendre en compte la santé menstruelle. Nous poursuivons ces engagements pour davantage considérer le corps des femmes dans les politiques publiques de santé.
Dans le cadre de la stratégie nationale contre l’endométriose à venir, nous appelons le ministre de la Santé à proposer une politique publique ambitieuse, adossée à des moyens réels, pour que les femmes atteintes d’endométriose puissent toutes être dépistées, soignées et accompagnées.
Paula FORTEZA, Députée des Français établis hors de France
Albane GAILLOT, Députée du Val-de-Marne