L’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, prometteur d’opportunités réciproques
Mauricio Macri, Président de la République Argentine, s’est rendu à Paris le 26 janvier dernier, où il a pu échanger longuement avec Emmanuel Macron et ses équipes. Une réunion de travail à l’Elysée, suivie d’une conférence de presse et d’un diner entre les deux chefs d’Etat, leur a permis de faire connaissance et d’avancer sur différents dossiers de coopération internationale, dont, prioritairement, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur.
Entamées depuis près de 20 ans, les négociations en vue d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur pourraient, en effet, aboutir dans les prochaines semaines.
Des négociations entrecoupées et contestées
Les discussions entre l’Union européenne et les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay), débutées en 1999, avaient été arrêtées en 2004, déjà en raison des difficultés pour l’Union européenne d’inclure les produits agricoles et agro-industriels dans l’accord, ainsi que la question des subventions à l’agriculture.
De son côté, le Mercosur avait des difficultés à abaisser fortement ses droits de douanes et le caractère imparfait de sa propre zone de libre-échange, où les biens ne circulent pas librement entre les quatre pays, posait problème. D’autres sujets comme les droits d’auteur, le secteur automobile ou encore les normes phytosanitaires ont également pesé lors des négociations.
Après une nouvelle phase de reprise des négociations entre 2010 et 2012, la phase actuelle de discussions a été relancée en 2016.
Concernant le volet agricole, qui générait le plus de difficultés, l’accord serait a priori constitué notamment d’un contingent de près de 100 000 tonnes de viandes bovines, dont 50 000 tonnes de produits frais et 50 000 tonnes de produits congelés, qui ne serait plus affectés par les droits de douane de l’Union européenne, sur les 185 000 tonnes de bœufs (75% des importations du secteur) que le Mercosur exporte en Europe chaque année. C’est ce point en particulier qui continue à soulever des inquiétudes au sein des filières agricoles de pays comme la France ou l’Irlande.
L’accord devrait également contenir la possibilité d’exportation par le Mercosur de 600 000 tonnes d’éthanol, fabriqué à partir de la canne à sucre, libres de droits de douane. Les deux tiers de cet éthanol seraient fléchés vers l’industrie européenne qui en manque. Dans le sens inverse, l’accord devrait inclure la suppression des droits de douane du Mercosur, particulièrement élevés, sur les exportations européennes pour le secteur automobile, le secteur de la chimie, de la pharmacie et des cosmétiques, de manière progressive sur une durée de 10 ans, au lieu de 15 ans lors de précédentes négociations.
Le premier pas vers une association stratégique
Davantage qu’un simple accord commercial visant à générer de nouveaux courants commerciaux et plus d’investissements, ces négociations préfigurent une association stratégique à un niveau politique, économique et de coopération entre l’Union européenne et le Mercosur. Il est en effet le reflet des valeurs auxquelles les deux parties croient, celles d’un monde basé sur des règles, et non sur la loi du plus fort. Les discussions intègrent ainsi des règles de standards élevés, aussi bien dans les domaines de la santé, de la protection de l’environnement, de la sécurité que celui des marchés publics, par exemple.
En réponse aux fortes tentations de protectionnisme et de repli sur soi des États-Unis et de la Chine, l’accord positionnerait l’Union européenne et le Mercosur comme acteurs incontournables des relations multilatérales internationales. Cet accord et celui qui sera prochainement négocié avec le Mexique pourront renforcer la place de la France dans la région et enrichir notre relation avec l’Amérique latine.
Les négociations doivent se poursuivre en février à Bruxelles puis à Asunción pour aboutir à un accord avant les élections brésiliennes et paraguayennes (automne 2018). Si cela n’est pas le cas, les négociations pourraient se voir endommagées par le changement de gouvernement et par le début du processus pour renouveler le Parlement Européen prévu pour 2019.
Paula Forteza et Lorys Lechevallier
3 Replies to “L’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, prometteur d’opportunités réciproques”
Importer de la viande bovine nourri au soja dont on sait que la culture en Argentine et au Brésil entraine de graves problèmes environnementaux ce n’est pas très “make our planet great again” comme dirait l’autre.
Cher Olivier, je suis français établi au Paraguay depuis 10 ans et je peux vous assurer que les bovins ne sont pas nourrit au soja. Le soja produit ici est majoritairement vendu aux USA sûrement pour leur bovins mais ici ils gambadent librement dans les prés ou le climat tropical permet à l’herbe de pousser à une vitesse phénoménal donc pas besoin de soja. Le Mercosur est aussi un marché de grandes opportunités pour les produits Français, et cela il ne faut pas l’oublier à l’heure ou les exportations Française sont en berne.
Madame la Député, énoncer la chose suivante “En réponse aux fortes tentations de protectionnisme et de repli sur soi des États-Unis et de la Chine” frôle la “fake news”, surtout en ce qui concerne la Chine, quand on sait le méga plan d’investissement prévu pour relancer une nouvelle route de la soie. Ecoutez ces 3 minutes d’émission parue sur France Culture il ya moins d’une semaine, pour vous rendre compte que la Chine ne se replit pas sur soi. Vous y apprendrez que “la Chine veut ainsi marquer son engagement dans la mondialisation sans frontières. Elle souhaite, en redessinant de nouvelles routes commerciales, intégrer à son marché intérieur ses provinces de l’Ouest en les faisant bénéficier de débouchés commerciaux.”; et au passage a travers un consorcium chinois rachète plus de plus de 900 hectares de terre dans l’Allier. https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-de-leco/les-nouvelles-de-leco-du-lundi-19-fevrier-2018