Bureau Ouvert 1 #DataClimat
Au mois d’août 2021, le GIEC a présenté la première partie de son dernier rapport au sein duquel il dresse un constat sans appel : les effets du réchauffement climatique vont s’accélérer et ce, quel que soit le rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES). Cette dernière injonction rappelle l’urgence de la mobilisation nécessaire pour transformer radicalement nos modes de vie mais aussi l’urgence de faire de l’écologie la priorité et le cœur des prises de décisions.
J’ai ainsi lancé, au début du mois de septembre 2021, l’initiative #DataClimat ; cette nouvelle session du Bureau Ouvert y était entièrement consacrée.
Face à l’urgence écologique, l’initiative #DataClimat vise à permettre au plus grand nombre de s’emparer des données climatiques. Une première étape a été lancée au travers d’un site dédié, dataclimat.fr, qui permet de visualiser de manière interactive des simulations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de Drias, les futurs du climat, à l’échelle du territoire français.
Souhaitant que toutes et tous puissent s’emparer de #DataClimat et y contribuer, j’ai lancé un appel aux associations, datascientistes, développeur.euse.s, designeur.se.s ou citoyen.ne.s motivé.e.s afin d’échanger lors de ce Bureau Ouvert. Vous trouverez ci-dessous un compte-rendu fidèle et exhaustif !
Une multitude de jeux de données environnementales en France
Dans le cadre du site dataclimat.fr, mon équipe et moi nous sommes basés, dans un premier temps, sur quatre indicateurs principaux issus du GIEC et de Drias, les futurs du climat : précipitations, sécheresses, températures et feux de forêts. Néanmoins, comme les participant.e.s au Bureau Ouvert l’ont rappelé, il existe une multitude d’autres indicateurs sur lesquels s’appuyer :
Laurent Toustou, Magalie Lèbre et Jean-Philippe Gagnard de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) ont rappelé que le site GéoServices permettaient notamment d’accéder à :
des données altimétriques, qui décrivent le sol et le sur-sol, et permettent aux acteurs de la prévention des inondations la constitution d’un modèle numérique de terrain. L’IGN met également à disposition ;
des données relatives à l’inventaire forestier, pertinentes à mettre en perspective avec des indicateurs de gestion durable.
Théo Alves Da Costa de Data For Good a mentionné trois projets menés avec :
l’IGN et le Ministère de la transition écologique concernant la mesure de l’absorption de CO2 avec le satellite oco-2 permettant de rendre compte des bandes d’émission de CO2 au jour le jour. Ces données permettaient de détecter des taux anormalement élevés d’émissions de CO2 de manière géolocalisée ;
l’association Pyronear, qui travaille sur la détection des feux de forêts, quasiment en temps réel, grâce à un système de caméras embarquées ;
CRATer et Les Greniers d’abondance qui travaillent sur une cartographie de la résilience alimentaire et agricole du territoire français.
Matthieu Brient travaille, au sein de la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING), sur une coalition dédiée à l’appropriation des données environnementales. Il nous a rappelé que :
Atmo-France met à disposition en open data des données sur la qualité de l’air
Sensor Community met à disposition des citoyens un réseau global de détecteurs pour créer de la donnée environnementale en temps réel
Jean-Baptiste Le Dévéhat, responsable de projets numérique à l’ADEME, a mis en lumière Terristory, dont les indicateurs environnementaux régionaux tels que la séquestration carbone, la production d’énergie, la consommation d’énergie et les émissions de GES sont à regarder avec intérêt.
Les participant.e.s présent.e.s ont également mentionné les sources suivantes :
Des données internationales de l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA)
Des données relatives au climat dans le bassin méditérranéen avec le MedCC
Des données relatives aux risques grâce à la Risk Data Library
Des données régionales avec par exemple l’Observatoire Régional Climat Air Energie (ORCAE) de la région Auvergne-Rhône-Alpes
Données du changement climatique et évaluation des risques sous-jacents
Spécialiste en développement numérique auprès de la Banque Mondiale et consultant Open Data auprès du Global Facility for Disaster Reduction and Recovery (GFDRR), Pierre Chrzanowski nous a sensibilisé à l’importance d’évaluer – et de montrer – les risques sous-jacents aux aléas. Pour illustrer son propos, il nous a notamment parlé de Think Hazard, un site qui permet d’identifier les aléas naturels (crue, inondation urbaine, séisme, glissement de terrain, pénurie d’eau, etc…) d’une zone géographique donnée.
Selon lui, trois enjeux prévalent s’agissant de l’évaluation des risques du changement climatique :
La clarification des types de données d’évaluation des risques ; selon lui, les données les plus importantes en la matière sont : (i) les données d’exposition (données cartographiques, géographiques, d’infrastructures, des bâtiments, des populations), (ii) les données sur les aléas (fournies par les scientifiques, par exemple les experts du GIEC) et (iii) les données sur la vulnérabilité, qui font le lien entre des populations ou des infrastructures exposées et les aléas eux-mêmes ;
Le diversité des modèles permettant de quantifier ces risques ;
Les producteurs de ces modèles : en effet, ces modèles, qui lient les données d’exposition et d’aléas pour produire des indicateurs de vulnérabilité, sont par exemple souvent produits par…des assurances.
Favoriser l’appropriation des données environnementales
Bien souvent, les sites d’information basées sur des données environnementales ne se concentrent que sur les aléas environnementaux. Pour aller plus loin, les participant.e.s du Bureau Ouvert ont ainsi souligné l’importance de diffuser une compréhension partagée et intelligible des révolutions environnementales en cours.
Si les données et les indicateurs environnementaux existent et sont visibles, il s’agit désormais de donner aux citoyen.ne.s du pouvoir d’agir en cartographiant des initiatives locales ; les participant.e.s au Bureau Ouvert sont unanimes sur ce point. En effet, de nombreuses initiatives, souvent associatives, ont émergé partout en France, et à l’international, s’agissant des questions environnementales.
Matthieu Brient de la FING a très justement souligné l’intérêt de lier les indicateurs environnementaux de #DataClimat vers des outils, des dispositifs et des dynamiques d’usage : à titre d’exemples, les fablab (et notamment la cartographie Makery), les réseaux éducation à l’environnement (et notamment Frene, le réseau français d’éducation à la nature et à l’environnement) ou encore la Nuit du Code Citoyen, qui propose d’accélérer des projets numériques citoyens d’intérêt général lors de hackathon open source.
Jean Vetter a également abordé l’initiative de MakeSense ré-action Climat et celle de la Fresque du Climat vise à “embarquer tous les individus et toutes les organisations dans la transition, en permettant la diffusion rapide d’une compréhension partagée du défi que représente le changement climatique”
Porté par l’association Fresque du Climat, le Mandat du Climat vise à aider les élus locaux à activer la transition climatique.
La Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) promeut un numérique au service du citoyen : son initiative Numérique tous risques cherche à identifier les moyens de prendre en compte les nouveaux usages du numérique dans l’appréhension des risques et crises, notamment climatiques.
Nicolas Vogtenberger, Adélaide Chassort et Marie-Laure Monet, qui travaillent chez Publicis, ont par ailleurs souligné l’importance de médiatiser ces outils de vulgarisation sur le climat. Au-delà de la médiatisation, ils ont évoqué l’intérêt de soumettre les indicateurs retenus par #DataClimat auprès de panels citoyens représentatifs des Français afin d’évaluer si les choix de traduction de ces indicateurs sont pertinents ou non. Ils ont enfin souligné, en termes de communication, l’importance de diffuser, notamment à travers la presse régionale quotidienne, les conclusions de #DataClimat lorsque le projet sera plus abouti !
Enfin, Christophe Clouzeau, qui travaille dans l’éco-conception numérique, a attiré notre attention sur l’importance, dès le début du projet, de prendre en compte l’impact environnemental du site dataclimat.fr sur lequel nous travaillons.
En outre, Olivier Pons Y Moll a indiqué que les visualisation produites par #DataClimat pourraient être reprises par les nombreuses associations qui sensibilisent au changement climatique, dans les entreprises et dans l’enseignement, et notamment la Fresque du Climat, la Fresque de la biodiversité, Avenir Climatique ou encore le collectif Citoyens pour le climat, pour laquelle Olivier Pons Y Moll est animateur scientifique.
Créer une dynamique collective de travail
Dans les prochains jours, mes équipes et moi-même allons organiser le travail de collaboration sur #DataClimat avec toutes les personnes désireuses de s’investir. Que vous soyez développeur.se.s web, expert.e.s environnementaux, data-scientistes, passionné.e.s de climat, designers ; pour participer au projet, rejoignez-nous sur MATTERMOST !
Un grand merci à l’ensemble des participant.e.s de ce Bureau Ouvert.