L’Amérique latine nouvel épicentre de la pandémie : appel à une solidarité internationale

L’Amérique latine nouvel épicentre de la pandémie : appel à une solidarité internationale

L’Amérique Latine est aujourd’hui le nouvel épicentre de la pandémie selon l’OMS. Le coronavirus poursuit sa progression au Chili, au Brésil et au Pérou et le bilan de la région s’établit 774 676 cas officiels de contamination au coronavirus et plus de 41 600 morts selon un bilan de l’AFP. 

Photographie du Pérou, Afp Ernesto BENAVIDES

A contrario du reste du monde, certains pays d’Amérique Latine et des Caraïbes se voient contraints de renforcer leurs mesures de confinement afin de limiter la propagation du virus. Des mesures très mal vécues par les populations devant faire face à une autre épidémie : l’augmentation drastique de la pauvreté. Enfin, si des pays se sont illustrés par leur gestion exemplaire de la crise, certains gouvernements ont mis en oeuvre des politiques irresponsables voire dangereuses pour leur population.

C’est pourquoi, je souhaite aujourd’hui en appeler à la solidarité internationale de la France et de l’ensemble des gouvernements européens pour soutenir ces pays au cœur de la pandémie. A la fois sur le plan sanitaire et économique, nous avons un rôle à jouer.

Une situation sanitaire inquiétante dans plusieurs pays notamment le Brésil, le Chili et le Pérou

Depuis la semaine dernière, le Brésil est devenu le second pays le plus touché de la planète. Les prévisions pour les prochains mois sont sombres alors que le système de santé du pays est déjà largement saturé. Les experts prévoient environ 193 000 victimes d’ici le mois d’août. De même au Chili, le coronavirus progresse très rapidement et le gouvernement s’est vu obligé de reconfiner sa population dans la capitale. Enfin, le Pérou est le 2e pays d’Amérique Latine le plus touché par la Covid-19 à l’heure actuelle, cela malgré de nombreuses mesures prises par le gouvernement pour limiter la propagation.

Des gestions vertueuses de la crise en Amérique centrale

Il convient cependant de noter que certains pays d’Amérique Latine ont su très bien gérer cette crise. Cuba par exemple, avec peu de décès recensés à ce jour sur l’île, montre une certaine résistance face à la pandémie. Son secteur médical endurant lui a également permis d’envoyer des médecins à l’étranger pour lutter contre le Covid-19. Le Costa Rica a pu quant à lui contenir la pandémie sans prendre de mesures drastiques de confinement à ce jour. Le pays a pour l’instant le plus faible taux de létalité d’Amérique Latine cela grâce à la discipline de la population qui a respecté les consignes des autorités fondées sur des avis scientifiques.

Le Covid-19 s’intègre dans un climat politique et social fragile dans plusieurs Etats

Cette crise sanitaire s’intègre dans un contexte politique et social tendu et les effets sociaux du confinement se font ressentir. L’épidémie du Covid-19  aggrave en effet la fracture socio-économique dans cette région très inégalitaire. Selon l’Unicef et l’ONG Save the Children 16 millions d’enfants supplémentaires pourraient tomber dans la pauvreté d’ici fin 2020 en Amérique Latine et dans les Caraïbes si les gouvernements ne font rien pour atténuer la crise économique.

Cette fracture fait déjà ses effets dans certains pays qui doivent affronter un essor de la pauvreté sans précédent. Au Pérou, l’économie entière du pays a été affectée par la crise, ne fonctionnant qu’à 44% de ses capacités. Un péruvien sur quatre s’est retrouvé privé de tout revenu. En Argentine, les autorités ont signalé la détection de nombreux cas de contamination dans les bidonvilles en périphérie de Buenos Aires. Les 3000 habitants ont été placés à l’isolation totale avec interdiction de sortir du quartier. Les habitants rencontrent des difficultés d’accès à l’eau courante et se retrouvent souvent entassés à plusieurs dans la même pièce. Au Chili la décision gouvernementale de reconfiner une partie de sa population dans la capitale a entraîné de vives manifestations dans plusieurs banlieues pauvres. Les manifestants ont protesté pour dénoncer l’insuffisance des aides de l’état pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la crise. Le Chili avait par ailleurs déjà dû faire face à une vague de protestations fin 2019, les mobilisations les plus importantes qu’avait connu le pays depuis une décennie. Des protestations pour dénoncer les inégalités sociales, le prix de la vie quotidienne et le modèle institutionnel Chilien.

Le Brésil et la Bolivie, illustrations des décisions irresponsables de certains gouvernements

Enfin, certains politiques ont adapté une gestion de la crise désastreuse. Le président Jair Bolsonaro continue, en effet, de minimiser de manière systématique la gravité du Covid-19 qu’il qualifie entre autre de « rêve », d’« hystérie » ou encore de « petite grippe ». Par ailleurs, le président souhaite généraliser l’usage de la chloroquine, dont l’efficacité a été remise en doute par la communauté scientifique internationale, et compte signer un protocole visant à en élargir l’usage. Ce faisant le nouveau ministre de la santé Nelson TEICH, en poste depuis seulement 4 semaines, a démissionné la semaine dernière.

D’autre part, des mesures de plus en plus autoritaires sont prises dans certains pays, amenant à une réelle réflexion des dangers de la crise sanitaire sur la démocratie en Amérique latine. En Bolivie, la présidente par interim a ainsi signé un décret présidentiel réduisant les libertés de presse dans le pays. Au Salvador, le président Nayib Bukele, élu l’an dernier une répression féroce avec l’introduction de militaires au congrès et la généralisation des humiliations dans les prisons.

Un contexte régional qui appelle à une solidarité internationale d’ampleur

Dans ce contexte, j’en appelle donc à la solidarité internationale, notamment à l’échelle de l’Europe, pour venir en aide aux pays d’Amérique Latine et des Caraïbes. Une diplomatie sanitaire forte et un aide économique d’urgence est nécessité pour plusieurs Etats du continent afin d’assurer une sortie de crise.  Plus encore, l’enjeu est de prévenir un recul du développement de plusieurs années sur certains pays de la région déjà fragilisés. Les choix que nous ferons aujourd’hui établiront les traits de l’Amérique latine et des Caraïbes de demain.

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© 2019 Paula Forteza - Députée des Français d'Amérique latine et des Caraïbes